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« Les 3 passoires de Socrate », une manipulation utile ?

Bien chers tous, bien chères toutes,

Machine à collecter le clic (et les courts-circuits de notre cerveau ?) Internet se nourrit de mouvements, dévorant notre temps et réduisant les moments d’échanges, sans interface, dont nous avons tellement besoin.

Comme moi, je vous imagine travaillant avec les outils de notre époque, et vous propose d’aller puiser dans les enseignements de Socrate de quoi comprendre ce qui nous a conduit là :

  • vous à me lire au milieu d’un amoncellement de mails inhumains
  • moi à écrire alors que mon métier est la communication orale.

Prenons le temps de ce vieux regard socratique, en tentant le test des trois passoires.

Les enseignements de Socrate nous apporteront-ils une solution pour calmer les jeux des souris de laboratoire que nous tendons à être ?

Bonne lecture,

  LES 3 PASSOIRES DE SOCRATE

Quelqu’un vint un jour trouver le grand philosophe Socrate :

« Sais-tu ce que je viens d’apprendre sur ton ami ? »

– Un instant, répondit Socrate, avant que tu ne me racontes tout cela, j’aimerais te faire passer un test très rapide. Ce que tu as à me dire, l’as-tu fais passer par le test des trois passoires ?

– Les trois passoires ?

– Mais oui, reprit Socrate. Avant de raconter toutes sortes de choses sur les autres, il est bon de prendre le temps de filtrer ce que l’on aimerait dire. C’est ce que j’appelle le test des trois passoires.

La première passoire est celle de la vérité.

As-tu vérifié si ce que tu veux me raconter est vrai ?

– Non, pas vraiment. Je n’ai pas vu la chose moi-même, je l’ai seulement entendu dire…

– Très bien ! Tu ne sais donc pas si c’est la vérité. Voyons maintenant. Essayons de filtrer autrement, en utilisant une deuxième passoire, celle de la bonté.

Ce que tu veux m’apprendre sur mon ami, est-ce quelque chose de bien ?

– Ah non ! Au contraire ! J’ai entendu dire que ton ami avait très mal agi.

– Donc, continua Socrate, tu veux me raconter de mauvaises choses sur lui et tu n’es pas sûr qu’elles sont vraies. Ce n’est pas très prometteur ! Mais tu peux encore passer le test, car il reste une passoire, celle de l’utilité.

Est-il utile que tu m’apprennes ce que mon ami aurait fait ?

– Utile ? Non pas réellement, je ne crois pas que ce soit utile…

-Alors, de conclure Socrate, si ce que tu as à me raconter n’est ni vrai, ni bien, ni utile, pourquoi vouloir me le dire ? Je ne veux rien savoir et, de ton côté, tu ferais mieux d’oublier tout cela !

Alors qu’à notre époque toute info est susceptible d’être amplifiée par nos media hyper rapides et puissants, devons-nous considérer, même si c’est inconfortable, que nous sommes encore des communicants ayant besoin de mieux communiquer ?

Socrate et son disciple ont-ils fait de leur mieux pour dire ce qu’ils perçoivent et veulent ? L’histoire ne le dit certes pas, mais puisque nous sommes les rebonds des rumeurs de l’époque que Socrate tentait déjà de calmer, observons, ici et maintenant, nos implications et moyens à communiquer.

 L’être assertif n’oublie pas. Il fait avec et de son mieux, n’oublie ni les passoires ni les casseroles, ni qu’il perçoit le monde à travers ses filtres d’interprétation.

Oublier (et faire comme si de rien n’était) peut devenir dangereux lorsque les jeux d’une époque s’y prêtent.

Si Socrate l’assertif avait vécu à notre époque, aurait-il écrit, ou dit, non pas « d’oublier les paroles de l’Autre » mais de faire avec, sans amplifier ce qui ne mérite pas de l’être.