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Alice au pays des désenchantements

Merci de vos retours d’il y a 15 jours concernant la rupture de pattern – et ce qui lui fait suite !

« Salut ! Je vois que tu es toujours aussi « atypique » …
Qui va se battre pour changer le monde ??
Ceux qui sont à découvert le 15 du mois ? Ils ont bien d’autres soucis de survie.
Ceux qui brassent des millions ? Ils risquent de tout perdre.
Ceux qui sont la tête dans le guidon pour essayer de maintenir leur niveau de vie ? Ils y penseront peut-être quand ils seront à la retraite.
En fin de compte… Il reste qui ?
Bises ! »

Ce chef d’entreprise est un ami, qui trouve le temps de me répondre (quand même). Comme nous nous aimons et ne nous voyons pas suffisamment (à cause du business), j’attendrai évidemment sa retraite pour lui parler de Nous. Mon copain a raison : « en fin de compte il reste qui » est une très bonne question. Il reste surement quelqu’une, quelqu’un, mais à condition de se sortir… des planifications qui nous éloignent de notre essentiel ! Sortir de ses schémas et lever les yeux vers ce qui mérite d’être vu est un art…

Aujourd’hui nous allons observer ce qui attise puis attire parfois notre attention là où nous ne voulons pas aller. Nous parlerons un peu d’hypnose et aussi de l’ennui lié aux automatismes de nos vies. Des routines parfois déroutantes, qui attendent et appellent… Qui, quoi ?

S’adapter sans se perdre, sans sombrer dans cet hypnotique mouvement des « il faut/tu dois/tu vas » est un travail d’assertivité. Une véritable reprogrammation de nos cerveaux. Il est utile de savoir qu’un cerveau fonctionne plutôt en mode automatique, programmé, jusqu’à ce que – rupture de pattern, réveil – j’écoute et ne puisse que regarder… la suite.

Déresponsabilisé ?

Si certains artistes savent naturellement switcher d’une tâche à l’autre, sans perdre leur intégrité ni leur bonheur à vivre, nous sommes encore quelques-uns, quelques-unes, à avoir besoin de sortir de nos automatismes de survie. Serions-nous parfois bloqués en mode automatique, hypnotisés à désirer la rupture de pattern « qu’ON nous fait croire vouloir attendre » ?

En hypnose, la rupture de pattern est l’appellation donnée au moment où – sous le pouvoir de – je bascule dans un état de conscience autre, nommée conscience modifiée. Effrayant ? Oui. La rupture de mes automatismes est donc une espèce de viol, qui peut aller jusqu’à violer mon intimité. Mais dans le cas de l’hypnose thérapeutique, c’est souvent « pour la bonne cause ». Le patient pourrait formuler sa demande ainsi « je m’en remets à toi le thérapeute ».
Sortons de l’hypnose thérapeutique et observons, maintenant, le petit thérapeute que nous sommes tous, ainsi que la fascination que l’argent a sur nous.

Le courage de ses désirs

Lorsque je m’ennuie dans mes routines, réclamant ma dose de re-stimulation, qu’est-ce que je fais ? Prenons un fait d’actualité sympathique. C’est un beau cadeau que d’envisager la paix et le partage de cette paix, dans le respect. Bientôt Noël, moment pour prendre le temps de notre essentiel et tenter de le partager ?

Nous l’avons vu, en permanence nos cerveaux s’alignent les uns sur les autres et sont en permanence prêts à réagir à l’extraordinaire. Mais quel est-il cet extra-ordinaire dans nos petites routines de pression à l’achat ?

Ma grande surface qui m’aime (??)  m’aime-t-elle vraiment ? Et est-ce que je veux lui donner mon content ? Elle qui me dit tout ce qu’il convient de me dire pour que je consomme « ce qu’on me fait croire vouloir avoir » ? Elle qui refuse de dire au micro qu’un doudou a été retrouvé au rayon fromage – et qui ne dit donc pas que le doudou a été précieusement ramené par un pépé gentil qui, même vieux, a traversé tout le magasin pour que ne pleure pas le bébé. Ce serait pourtant une belle histoire de Noël. Humaine !

Mais chut… il ne faut pas prendre le micro et les réveiller, ils sont en train d’acheter – et c’est du sérieux ! « C’est Noël, comprenez-vous, et moi simple hôtesse d’accueil, je n’ai pas, je n’ai plus le droit de créer une rupture de pattern » – qui ferait sourire le monde et dérangerait la danse automatique des achats ? (NB : scène vécue dans une grande surface où je ne passe(rais) plus le clair de mon temps.)

Suggestion : et si Noël était ma prise de temps pour aller là où la joie m’appelle, même si cette joie n’est pas toujours simple à regarder ? Et si je m’offrais le luxe de ne pas dire oui lorsque je veux dire non ?

En coaching, la joie porte bien d’autres noms : amour, courage, paix, gratitude, dignité… Et lorsque la joie se fait « dignité » c’est un lieu où je peux distinguer l’estime de la fausse confiance ET, même au milieu des mascarades, m’affirmer. Ceci étant, savoir dire « oui, non, je ne sais pas, je ne comprends pas », avec aisance et joie, tout en invitant l’autre à faire de même, ça se travaille.

Un peu partout j’entendrai encore « Dors, je le veux ; la science, ton nouveau dieu rachètera tes fautes… ». Mais peut-être y aura-t-il à l’intérieur de moi, comme une lumière. Une vieille connaissance, qui revient de loin. Un sourire. Et si j’y prête attention, peut-être même que ce sourire sera autour de moi ?

En fin de compte « qui reste-t-il », me demandait mon copain ? Moi, et Toi, et Toi, et l’Autre évidemment. Bien sûr il reste aussi la grande surface, qui sait mettre les bières à côté des couches culottes le vendredi – pour que papa s’offre une petite compensation au fait de faire les courses. Mais papa n’est pas obligé d’acheter de la bière de Noël s’il n’en veut pas. Ni d’aller faire ses courses dans une grande surface.

Ces petits malins qui se disent être mes amis, le sont-ils vraiment, eux qui étudient mon comportement pour mettre les produits là où mes pas m’amèneront à être accroché par tout un tas d’autres choses – à mettre en mode automatique dans mon chariot ? Comment osent-ils ?

Mais maintenant que je le sais, puis-je décrocher certains de mes hameçons, dans cette course contre la honte des faux cadeaux ?Œuvrer, pour de vrai, à la paix ?

Que, qui reste-t-il ? Des gens, qui tous ne sont pas mal intentionnés et qui même sont souvent gentils. Des gens qui ont encore envie, des braves souvent maladroits, entraînés plus fort qu’eux dans des mouvements, planifiés, qui les éloignent de la fraternité. La rupture de pattern est fondamentale, et surtout ce qui lui fait suite. Pour rejoindre peu à peu notre essentiel et profiter d’un éveil « plus conscient », la question est pourtant simple : qu’est-ce qui me fait envie, ici, maintenant ?

Communiquer, c’est se nourrir. Une présence, une parole, un sourire, une balade, une ballade, une orange et hop, Noël est réussi … Peut-être … Mais est-ce que ça vaut la joie d’essayer ?

Ce petit lapin d’Alice au pays des désenchantements, qui n’a plus le temps, qui paye pour dissimuler son mécontentement, serait-il aussi cette voix qui résonne parfois en moi, lorsque je suis en mode automatique – planifié de conneries qui me sclérosent l’intégrité ? Une  espèce de drame qui inventerait le drame pour s’occuper ? Et qui, lorsqu’il n’y a pas, ou plus de drame, en invente un, disant « moi je m’ennuie, moi je ne veux pas mourir, moi j’ai peur de vivre, moi je n’y crois plus… » ?

Cette semaine j’étais à Sciences Po pour accompagner celles et ceux qui ont terminé leur master. Je veux en témoigner : nos jeunes – celles et ceux qui arrivent au bout de leurs apprentissages scolaires – ont envie, et sont là, et sont créatifs, et ont besoin de Nous. Enfin, ils ont besoin de celles et ceux qui sont encore là, avec eux.

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